à M. le Recteur de l’académie de Nantes
à M. le Ministre de l’Education Nationale
copie à M. Réhel, doyen des IPR
copie à M. Huet,
copie aux enseignants de
l’académie de Nantes
CGT Educ’Action
Nantes
Maison des syndicats
1 place de la gare de l'Etat
Case postale n°1
44276 Nantes cedex 2
Objet : réaction aux propos qui
auraient été tenus par M. Huet, IEN
Monsieur Le Recteur,
M. Huet, Inspecteur Académique
Lettres-Histoire-Géographie a convié, avec sa collègue inspectrice Mme
Pasquier, les maîtres contractuels de Lettres-Histoire-Géographie-Education
civique des établissements privés sous contrat d’association avec l’Etat à une
réunion d’information-formation le mardi 03 décembre 2013, au Lycée du Sacré
Cœur, à Nantes.
Suite à cette réunion, plusieurs de nos
collègues nous ont contactés pour nous confier avoir été surpris et gênés par
les propos de M. Huet très critiques à l’égard des syndicats. A quatre
reprises, ses propos furent suffisamment choquants pour que les collègues
retiennent et nous rapportent ses interventions sur le sujet.
Selon ses propos, les syndicats, en s’opposant à
l’annualisation du temps de travail des enseignants, seraient les responsables
des blocages dans l’Education Nationale. Nous
souhaitons lui rappeler, ainsi qu’à l’institution, qu’on ne peut pas faire
incomber aux syndicats la faillite du système éducatif et que les suppressions
de postes par dizaines de milliers, les suppressions de filières, les
suppressions d'heures d'enseignement aux élèves, le manque de perspectives pour
nos élèves, la mixité des publics, la réforme de la voie professionnelle dans
son ensemble ont généré une dégradation inacceptable de l'enseignement
professionnel initial. Cette dégradation progressive et générale a été, et
continue, d'être combattue vivement par la CGT qui refuse la casse organisée de
l’Education Nationale.
Ensuite, toujours selon
M. Huet, des collègues des lycées professionnels se retrouveraient, sur
certaines périodes de PFMP (Période de Formation en Milieu Professionnel), sans
élèves ; ce qui lui semble donc, implicitement, inacceptable. Au-delà de
cette situation exceptionnelle (les enseignants n’ont pas qu’une seule classe
en charge), le travail des enseignants des lycées professionnels ne se limite
évidemment pas au face à face pédagogique avec les élèves. Le nier prouve, au
mieux, une totale méconnaissance du métier d’enseignant, au pire, un total
mépris à leur égard. Il a réitéré lors d’une réunion d’information à
l’attention des enseignants de lettres-langue et lettres-histoire-géo des
lycées Saint Jean Baptiste de la Salle, Saint Donatien et Saint Félix de Nantes
le lundi 13 janvier 2014. Un collègue a alors pris soin de noter les propos
qu’aurait tenu M. Huet et que nous vous citons tels qu’ils nous ont été
rapportés par écrit « Que font les enseignants pendant les périodes de
stage? Ils sont tranquilles à bricoler à la maison! Il pourrait y avoir des
trop perçus demandés aux enseignants. Mais nous aurions les syndicats dans la
rue!.... »
De plus, il se serait plaint de la trop
vive réactivité des syndicats à venir soutenir des collègues qui auraient subi
des inspections défavorables. Il aurait vivement déconseillé aux enseignants,
présents dans la salle, d’avoir recours aux syndicats s’ils venaient à être
confrontés à cette situation. Nous tenons à lui rappeler que le droit de tous
les salariés, y compris les personnels contractuels de l’enseignement privé, à
se défendre par l’action syndicale est un principe constitutionnel. Il ne lui
appartient pas de le contester. Et tenir des propos tentant d’interdire le
recours aux délégués syndicaux pour la défense des personnels est une
infraction à la loi (article 6 de la loi 83-634).
Enfin, Monsieur
Huet aurait reproché aux femmes de pleurer lors des entretiens d’inspection :
« Mesdames arrêtez de pleurer ». Il s’agit d’une discrimination
sexuelle, méprisante et sexiste pour les femmes, (cf article 6 bis de la loi 83-634). Il nous semble inquiétant que Monsieur l’Inspecteur,
plutôt que de s'interroger sur les raisons de ces pleurs, ajoute de la tension
en le reprochant aux collègues.
De plus, il est anormal que les entretiens post inspection ne soient pas vécus par les
personnels comme des lieux d’échange constructifs sur leurs pratiques
pédagogiques. Lors de l’audience que vous nous avez accordée le 2 décembre dernier,
nous avions d’ailleurs abordé ce sujet dans le cadre de la prévention des
risques psycho-sociaux des personnels en rappelant la priorité à mettre sur
l'aspect « conseil » de l'inspection plutôt que sur l'aspect « sanction ».
Nous vous avions alors alerté à plusieurs reprises sur les attitudes et propos
particulièrement démoralisant et psychologiquement destructeurs de certains inspecteurs. M. Huet en aurait fait la preuve lors de sa réunion
du 13 janvier. Nous vous citons ici encore ses propos tels qu’ils ont été notés
par un collègue : « Vous connaissez les règles depuis 2010. Je serai
intransigeant lors d'une inspection face à un Maître n'appliquant pas les
consignes, n'utilisant pas les outils modernes de communication. S'il le faut,
j'irais jusqu'à la sanction la plus importante ».
A la sortie des deux réunions, les enseignants
présents auraient exprimé leur extrême crainte de « subir » une
inspection de M. Huet.
Par conséquent, nous vous demandons de bien vouloir rappeler les règles de droit en
la matière à Monsieur Huet, ainsi qu’aux corps d’inspection, pour permettre une
évolution plus positive de l’accompagnement et de l’évaluation des enseignants
par les inspecteurs.
Assurés de votre constante vigilance à
faire respecter les lois et principes de la République et dans l’intérêt du
service public d’éducation, veuillez agréer Monsieur le Recteur, l’expression
de notre dévouement à l’Education Nationale.