Objet : question sur les inspections
Monsieur
le Recteur,
La
commission exécutive de l’URSEN CGT Nantes réunie le 13
juin 2013 à Angers entend vous interpeller sur plusieurs points au sujet des
inspections ayant eu lieu en cette année scolaire 2012/2013 et demande à
obtenir des réponses de la part de vos services.
1)Nous nous
interrogeons tout d’abord sur les raisons de la multiplication soudaine des
inspections concernant les personnels. S’agit-il de rattraper un retard
éventuel dans l’évolution de carrière des personnels, d’un rééquilibrage entre
les disciplines, d’une volonté de votre part ? Nous souhaiterions en être
informés.
2)En particulier,
nous avons constaté cette année une recrudescence du nombre de « visites
conseil » des inspecteurs pour les collègues contractuels de
l’académie, notamment lorsqu’ils postulaient au concours réservé ou examen
professionnel. Nous nous posons des questions sur cette démarche. S’agit-il
d’une aide à la préparation des épreuves ?
3)Nous attirons
également votre attention sur un contexte déjà rendu difficile pour bon nombre
de collègues contractuels (angoisse de la titularisation, nombreuses ambiguïtés
sur les modalités d’admissibilité notamment dans l’élaboration du RAEP, délai
très court pour rédiger le RAEP…). En outre, dans la plupart des cas, les
personnels contractuels n’ont reçu aucune formation sérieuse. Au mieux, ces
personnels, déjà fragilisés par la précarité, ont été accompagnés bénévolement
par les équipes pédagogiques ; au pire, et c’est trop souvent le cas, ils
se sont trouvés isolés et face à eux-mêmes. Il nous semble que cette réalité
n’est pas toujours prise en compte par les corps d’inspection dans leur
expertise des activités qu’ils observent. Cela se traduit pourtant par des
jugements sur le travail des agents considérés parfois comme très sévères par
les personnels. Il semble difficile de faire appel à des personnels qui servent
la plupart du temps de variable d’ajustement, sans leur
donner les moyens nécessaires de formation. Les conséquences sur la santé de
ces personnels devraient être prises en compte, et nous pensons qu’il faut
réfléchir aux moyens de faire cesser cette situation.
4)De même, nous
déplorons un manque de formation aux nouveaux programmes (notamment le bac pro
3 ans, ou en collège…) et une certaine cacophonie, non pas dans leur contenu,
mais dans leur mise en œuvre pédagogique auprès des élèves. Les collègues se
sentent très souvent soumis à un discours confus venant des inspecteurs qui
parfois se contredisent entre eux ou même conseillent fortement, voire même
exigent des méthodes pédagogiques en opposition totale au principe de liberté
pédagogique. Selon nous, les programmes
sont la seule référence réglementaire adressée aux professeurs. Les
ressources et documents proposés aux enseignants garantissent ce principe, il revient donc à chaque enseignant de
s'approprier les programmes dont il a la charge, d'organiser le travail de ses
élèves et de choisir les méthodes qui lui semblent les plus adaptées en
fonction des objectifs à atteindre. Les enseignants se trouvent
déstabilisés par ces incohérences et les prescriptions contradictoires venant
de la hiérarchie : chefs d’établissement, corps d’inspection, MEN…
5)Ainsi, nous
pensons qu’il est nécessaire de redonner une certaine cohérence aux pratiques
pédagogiques. Il nous semble également important de redonner une forme d’équité
entre les personnels, à la fois dans le calendrier des inspections, et dans
l’égalité de traitement entre les personnels : les disciplines sont-elles
traitées de façon équitable, quelle considération pour les TZR…
6) Enfin, nous avons pu
remarquer que lors de nombreuses inspections, les entretiens entre les
collègues et l’inspecteur ont souvent pu déraper vers un jugement sévère et des
propos très durs voire inappropriés, et en dehors de toute prise en compte du
contexte d’inspection (élèves difficiles, inspections de fin de journée). Nous
rappelons à cet effet que selon le code de l’éducation, l’une des missions de
l’inspecteur est d’inspecter et de conseiller les personnels. Ainsi, selon nous, l’inspection
peut et doit être une aide pédagogique qui prend en compte aussi
l’environnement du cours. Nous attirons votre attention sur le soutien, la
bienveillance qu’un inspecteur se doit d’avoir vis à vis des personnels sans
quoi ces derniers pourraient avoir le sentiment de se voir infliger un
jugement, une condamnation, voire même une remise en cause globale de leur
capacité à enseigner. Selon nous, les entretiens post inspection devraient donc
être des lieux d’échange constructif sur des pratiques pédagogiques.
L’ensemble de ces
éléments émanent de nombreux retours, remarques, réflexions que nous avons pu
connaître de la part des personnels de l’académie. Nous vous demandons ainsi
de bien vouloir transmettre ce courrier à l’ensemble des corps
d’inspection.
Pour
toutes ces raisons, il nous parait indispensable que vous nous répondiez de
façon claire sur ces différents points. Le dialogue nous semble nécessaire pour
prévenir la souffrance au travail des personnels que ces inspections peuvent
provoquer, de manière à faire ensemble une prévention de ces risques
psycho-sociaux.
Assurés
de votre compréhension et dans l’intérêt du service public d’éducation,
veuillez agréer Monsieur le recteur,
l’expression de nos sentiments respectueux.
Pour l'URSEN-CGT de l'académie de
Nantes
Karine Perraud, secrétaire
académique
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