Vincent Peillon, le ministre de l'Education se
félicite d'une "rentrée de gauche", d'avoir créé des postes et
d'améliorer la formation des enseignants. Effectivement avec 80 000 postes
d'enseignants supprimés par la droite, les IUFM qui formaient les
enseignants nouvellement recrutés fermées, le développement de la
précarité, les dégâts des rentrées « de droite » de ces dernières
années sont très lourds. Hollande avait promis de réparer. Eh bien, ce qu'on
voit se réaliser est très loin du compte !
Quelques petits bouts de scotch et toujours la
précarité !
Il avait promis 60.000 postes d'enseignants, soit
14.000 postes par an sur 5 ans. Mais en 2013, au total seulement 8781 postes
ont été créés et 8804 sont prévus en 2014, alors qu'on attend 35.000 élèves en
plus en septembre 2013.
Le gouvernement se vante d'avoir créé 10.000 postes
supplémentaires dans les lycées et collèges pour mettre « plus de
sécurité, plus de sérénité et plus d'adultes ». Mais il s'agit de
personnels en contrats aidés, c'est-à-dire des emplois précaires
non-enseignants, de 10 mois à 2 ans, à temps partiel imposé le plus souvent. Il
a d'ailleurs supprimé en juin 2000 postes d'assistants d'éducation dans les
services de vie scolaire, espérant sûrement qu'avec les vacances d'été, on
oublierait de soustraire ces 2000
adultes en moins aux 10.000 qu'il annoncerait à la rentrée.
Le
gouvernement se vante de titulariser les
AVS (Auxiliaires de Vie Scolaire) : qu'en est-il ?
Les AVS sont
chargés d'accompagnés les élèves handicapés qui doivent être intégrés
dans l'école ordinaire depuis la loi de 2006.
C'est bien sûr positif que les AVS exerçant actuellement en contrat
précaire puissent garder leur emploi définitivement : c'est positif pour eux
ainsi que pour les élèves qui pourront garder une personne stable à laquelle
ils se sont habitués.
Mais cela se
fait au compte-goutte : seulement 3000 d'entre eux pourront bénéficier d'un CDI
(Contrat à Durée Indéterminée) à la rentrée 2014, car ils auront cumulé 6
années en CDD (Contrat à Durée Déterminée). A noter qu'ils ne seront pas
fonctionnaires, mais seulement
« cédéisés » : un statut offrant moins de sécurité d'emploi.
D'autres AVS
auront accès à un CDI aux rentrées suivantes parmi ceux qui arriveront à
cumuler les 6 années nécessaires en CDD : en attendant ils continueront à
travailler en CDD, pour 600 à 1100 euros nets par mois, selon le temps partiel
qu'on leur a imposé.
Mais cette
possibilité de cédéisation dans les prochaines années n'a été promise qu'aux
28000 AVS qui exercent actuellement avec un contrat d'AED (Assistant
d'EDucation). Les 26000 AVS qui exercent avec un contrat aidé pour 600 euros
net par mois, sont exclus de cette possibilité. Rien n'est prévu pour eux pour
qu'ils puissent rester dans cet emploi d'AVS. On leur promet seulement de
rendre enfin effective la formation à laquelle ils ont droit pour faciliter
leur réinsertion professionnelle : 200 h sur 2 ans de formation diplômante.
Cela aussi c'est positif, et on peut raisonnablement considérer que les procès
gagnés au Prud'hommes ces dernières années par les AVS (qui ont obtenu des
indemnités pour ne pas avoir reçu cette formation), à l'initiative des
syndicats enseignants (FSU et CGT), y est pour beaucoup. Mais la formation et
les diplômes ne les garantiront pas contre le retour au chômage à la fin de
leur contrat d'AVS. Les 8000 nouveaux AVS qui vont être recrutés le seront avec
ces contrats aidés
La précarité
des AVS a de beaux jours devant elle ! Et les enseignants devront continuer à
se débrouiller sans soutien avec les élèves handicapés, en souffrance, dans des
classes surchargées.
Et la
formation des enseignants ? Quand même, peut-être que là, ça avance ?
Les nouveaux
enseignants, titulaires d'un master (bac + 5) qui ont été reçus aux concours
« ancienne formule » seront mis, comme avant, devant les élèves en
responsabilité. Ils enseigneront 15 h au lieu de 18 h et auront un tuteur. Le
minimum. Et s'ils ont passé les concours réservés aux ex-contractuels, là c'est
temps complet : « Débrouillez-vous, comme vous vous êtes débrouillés en
tant que contractuels, on viendra vous inspecter et si ça ne nous plaît pas, on ne vous
validera pas et vous redeviendrez contractuel».
On ne peut
pas dire que ça avance beaucoup !
En juin
2013, un concours exceptionnel a recruté
20.000 stagiaires parmi des étudiants ayant au moins un bac + 4. Ils peuvent
demander un CDD pour enseigner quelques heures (6 ou 12 h), rémunéré 854 euros
brut mensuels pour 6 h. Ils sont formés dans les ESPE (qui remplacent les
IUFM). Il leur faudra réussir une 2ème
partie du concours en juin 2014 pour être titularisable à la rentrée 2015.
Dans le même
genre, pour les plus jeunes, à partir de la 2ème année en faculté, s'ils sont
boursiers, ils peuvent demander un EAP : Emploi d'Avenir Professeur,
c'est-à-dire un contrat aidé (eh oui, encore !) sous forme de CUI (Contrat
Unique d'Insertion) pour 12 h hebdomadaires d'activités pédagogiques diverses selon le niveau d'études : 400 euros net qui s'ajoute à
leur bourse.
Des petits
jobs pour finir ses études, en vérifiant
sur le terrain si on est bien sûr de vouloir devenir enseignant, c'est plutôt
bien pour les étudiants qui ont besoin de travailler pour financer leurs
études.
Mais ces
petits jobs peuvent se révéler très difficiles car on peut être sceptique sur
la qualité de leur accompagnement, qui reposera sur un tuteur, très peu rémunéré, essentiellement préoccupé
par la charge de ses propres classes dont il ne sera aucunement déchargé. Cette découverte du métier en mettant des
jeunes gens non préparés et mal soutenus directement dans les classes peut se
révéler une difficile épreuve pour ces étudiants : les élèves sont parfois
très durs avec les enseignants qu’ils sentent peu sûrs d’eux. Cela dans un
contexte général de manque de moyens et de classes surchargées, le risque est
gros que cela ne provoque finalement un déficit de candidats au métier !
En tout cas, le syndicat sera présent pour les aider à s'organiser pour ne pas
se faire exploiter, car ils seront des salariés précaires, exposés aux pressions
pour leur faire compenser toutes les insuffisances de l'Education Nationale.
Malgré
les rodomontades du gouvernement, les conditions de travail pour l'année
scolaire 2013/2014 des enseignants et des élèves ne vont pas s'améliorer :
nous serons toujours autant sous pression, à devoir faire le maximum pour les
élèves, sans qu'on nous donne les moyens des performances qu'on exige de
nous : il faut continuer à se défendre, à se protéger, à
s'organiser ! Et pour cela, il faut se syndiquer !